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Transformation du Théâtre de l’Oriental 

2010

Vevey

Le théâtre de l’Oriental, ayant eu par le passé les fonctions de chapelle, de salle de spectacle, de cinéma et enfin de théâtre, illustre à lui seul le processus de développement urbain en se renouvelant et réinventant sans cesse.

Chaque époque a eu son lot de transformations plus ou moins radicales, chacune ayant laissé des traces visibles.

Différents éléments ont contribué à façonner l’identité et la morphologie du bâtiment tel qu’il se présente de nos jours. En tant que témoignage, ceux qui sont considérés comme importants et devant être conservés sont:

Le balcon de la salle de spectacle, les façades sur rue et sur cour, la balustrade du balcon côté rue d’Italie ainsi que l’encadrement en plein cintre de la chapelle d’origine.

Certains inconvénients peuvent parfois être transformés en avantages, ici les murs formant la cour intérieure sont détournés de leur rôle séparateur en leur confiant un rôle unificateur. Ils forment désormais le noyau qui contient les espaces de services au sens large, reliant entre eux les différents niveaux au moyen d’escaliers. Ces derniers, pour la grande majorité, se trouvent à toutes les époques le long des murs mitoyens.

L’intervention sur le noyau se présente comme une radiographie du passé où pierres de taille, briques, encadrements de fenêtres, tels des fossiles incrustés dans le béton du noyau, cohabitent pour former une archéologie du futur.

L’analyse structurelle a révélé une capacité porteuse insuffisante de deux planchers du côté de la rue d’Italie. Face à ce constat, et dans le but de rendre la structure conforme aux normes antisismiques, les trois planchers du côté de l’ancienne cure sont démontés et remplacés par des dalles de béton armé, pour solidariser les murs de la périphérie avec le noyau de contreventement.

Les altitudes des nouveaux planchers sont déterminées par les contre-cœurs des fenêtres côté rue d’Italie et le bord supérieur du balcon de la salle de spectacle. Ainsi, avec des vitrages allant jusqu’au sol et un parapet de verre, les espaces sont beaucoup plus fluides et flexibles. Le balcon continue à faire partie de la salle, comme il le faisait déjà sous la forme d’une galerie à l’époque de la paroisse catholique en 1906.

La volumétrie et le programme sont compactés au maximum. La nouvelle enveloppe découle du prolongement de la toiture de la salle de spectacle. Grâce au système de circulation en périphérie du noyau, celui-ci peut être occupé par quatre niveaux. Il contient la billetterie, la caisse, le bar et le vestiaire au niveau du foyer, les sanitaires au niveau de la salle de spectacle, les bureaux et les espaces d’observation avec le recul nécessaire pour la salle de répétition aux niveaux supérieurs.

La partie sud s’organise sur trois niveaux, avec le foyer au niveau de la rue, la salle de lecture juste au-dessus et la salle de répétition au deuxième étage, dans la partie restreinte au public.

La partie nord est agrandie sous la salle de spectacle et la scène, comme il en avait été l’intention sur les plans de transformation de 1927. Cet espace permet d’accueillir les locaux techniques pour la création des décors, le monte-charge et une connexion des loges avec l’arrière-scène.

L’espace d’arrière-scène regroupe un emplacement de manutention en relation avec le monte-charge et la sortie de secours, tout en permettant un jeu de scène efficace en coulisses. Techniciens et éclairagistes accèdent à une galerie supérieure et l’espace technique du plafond de salle grâce au prolongement de l’escalier venant du sous-sol. La scène est entièrement démontable. Grâce aux gradins mobiles, une multitude de configurations deviennent possibles pour les créateurs.

L’éclairage d’ambiance s’inspire du dispositif mis en place dans la salle de spectacle en 1927, dont une ébauche est déjà visible dans la chapelle en 1906. Il s’agit d’un joint creux dissimulant une rangée de luminaires. Ici, le joint est continu et se développe en spirale ascendante du foyer jusqu’à l’escalier menant au toit. L’accès en toiture sert de sortie de secours secondaire, d’espace de pause extérieur pour la salle de répétition ainsi que d’espace stimulant la créativité.

L’éclairage scénographique se compose de sources ponctuelles dans les espaces du noyau et de projecteurs fixés aux barres des ” grills ” motorisés pour les espaces scéniques. Ils sont divisés en cinq panneaux rythmés par des fentes de lumière naturelle.

La façade de la rue d’Italie est traitée de la même manière qu’un théâtre, avec un élément de décor symbolisant le rideau. Il permet de rendre la façade abstraite au moyen d’une tôle d’aluminium perforée et profilée, tout en laissant deviner par transparence les percements, encadrements et corniches. Les contre-cœurs des deux portes-fenêtres ont été bétonnés et peints, le balcon démoli. La balustrade avec les initiales ” C O ” pour Cinéma Oriental est réutilisée pour la sortie en toiture.

A la nuit tombée, le ” rideau ” s’illumine au moyen de réglettes lumineuses dissimulées derrière la tôle. Il devient le nouvel élément signalétique fort du quartier.