Etablissement médico-social à Siviriez (FR)

2018

Le projet Pentamino cherche à valoriser les qualités paysagères du site, que l’on peut considérer comme un grand verger au centre du village. En raison de certaines inconnues au sujet des équipements communaux, le challenge consiste à occuper la parcelle de manière optimale afin de ne pas entraver son développement futur.

Les bâtiments et les aménagements extérieurs sont structurés par la mise en place d’une large allée piétonne menant à l’ems depuis la route de l’Église. Celle-ci est parallèle au ruisseau, mis à jour dans le secteur Nord-Est de la parcelle afin d’y être revitalisé. Les éléments connectés sont d’une part l’immeuble pour seniors dans l’angle Sud de l’aire d’implantation et d’autre part le parking pour les véhicules privés au Nord-Ouest.

Pour une raison d’économie générale du projet, la totalité des places de stationnement est imaginée d’un seul tenant en surface entre l’allée structurante et l’ancienne école avec un revêtement perméable permettant l’infiltration des eaux pluviales. Les places seront réorganisées ou placées en sous-sol en fonction d’un éventuel futur équipement communal.
Un tunnel de liaison de 8.50 m est imaginé au sous-sol de l’immeuble pour seniors afin de garantir l’accès à l’abri PC conservé. Toutefois, il est légitime de se demander s’il ne serait pas plus judicieux d’inclure directement ces 120 places protégées dans le sous-sol de l’immeuble pour seniors, voire de l’ems, afin de ne pas gêner le développement du secteur Sud de la parcelle en démantelant l’abri existant.

La volumétrie du nouvel ems est mise en place en tant que réponse spécifique au tissu villageois. Ses façades présentent des décrochements qui forment des échos géométriques avec les bâtiments des abords immédiats. Ainsi, une relation équilibrée entre pleins et vides voit le jour. Cette géométrie permet de conserver une échelle villageoise avec une bonne compacité, des relations visuelles intéressantes et un apport de lumière naturelle accru.

Le bâtiment s’organise sur 3 niveaux hors sol, ainsi qu’un sous-sol partiel regroupant les locaux techniques et les abris de protection civile. Le rez-de-chaussée accueille les espaces collectifs, dédiés dans une large proportion à l’accueil du public avec les entrées du foyer de jour et de l’ems, regroupées sous le même couvert. Ensemble, elles définissent avec l’immeuble pour seniors un nouvel espace de référence minéral ombragé, propice à la détente et aux rencontres. Un deuxième espace -végétal- prend place légèrement en contrebas de la place du côté Sud-Est, sous la forme d’un jardin sécurisé pour les résidents en relation avec le cours d’eau et la renaturation qui en découlera.

Le rez-de-chaussée regroupe les locaux publics du programme avec le foyer de jour, les locaux communs, les locaux professionnels et les locaux de services. Le plan se veut volontairement perméable dans sa partie Sud avec trois « blocs » autour desquels s’articulent les locaux tels que la salle à manger commune, la salle d’animation, le kiosque et la cafétéria.
La salle polyvalente et la chapelle sont placées légèrement en retrait des locaux communs afin de bénéficier d’une atmosphère plus propice au recueillement et aux activités sortant des usages courants d’un ems. L’espace de la chapelle bénéficie d’une importante source de lumière zénithale, qui traverse les deux niveaux d’hébergement, afin de rendre l’atmosphère du lieu ouverte à la spiritualité. Les locaux professionnels et de services sont localisés dans le secteur Nord du bâtiment, afin de bénéficier d’un accès indépendant pour les livraisons afin de ne pas mélanger les flux publics et professionnels.

Les étages supérieurs sont dédiés à l’hébergement, dont chaque unité de soins est facilement divisible en deux secteurs de vie. La géométrie du plan a pour avantage de pouvoir regrouper en son centre tous les locaux de services.

Sa typologie avec couloir central permet de faire converger les différentes ailes au cœur du système facilitant ainsi l’orientation et la déambulation des résidents, ainsi que les possibilités de surveillance pour le personnel tout en favorisant l’économicité des pas. Une rocade est toutefois possible entre la tisanerie et la pharmacie pour des questions de proximité / observation des résidents ou d’isolement du personnel (concentration pour préparation des médicaments).

En tant que lieu de vie, les chambres occupent une place essentielle dans la vie des résidents, et un soin tout particulier devra être fait pour que les éléments médicalisés soient les plus discrets possibles, mais surtout que les notions d’habitat et de domesticité gardent tout leur sens. L’espace majeur mesure 3.50 m de largeur et 4.40 m de profondeur, pour 2.95 m de hauteur. Hormis le système de pulsion d’air en dalle, tous les éléments techniques sont concentrés dans la « couche » de l’entrée et des locaux sanitaires, qui ont une hauteur sous plafond de 2.40 m.
La fenêtre est exprimée comme un « tableau » avec un vitrage fixe-ouvrant carré, tandis que l’ouvrant est opaque avec une grille perforée pare-pluie et anti-chute aux motifs de feuilles d’arbres fruitiers.
Les portes se composent de 2 vantaux, de manière à ce que le vide de passage mesure 120 cm, mais permette à un résident en chaise de manipuler le vantail de 90 cm sans difficulté. Les 30 centimètres restants constituant le second vantail, qui peut être ouvert lors de l’utilisation d’appareils de nettoyage ou de levage (cigognes ou brancards). Les armoires sont imaginées mobiles, qui permettent d’adapter la disposition de la chambre en fonction de la position du lit et des envies du résident.

Les salons polyvalents sont placés sur les façades pignon et changent de côté par étage de manière à offrir des vues différenciées de tous les côtés du bâtiment. Comme ils n’ont pas de charge thermique importante, ils peuvent rester ouverts sur les couloirs. Ces espaces permettent de créer de petits groupes de résidents en fonctions d’activités bien spécifiques comme la lecture, le visionnage de la télévision ou laisser la possibilité de s’isoler hors de la chambre, par exemple lors de visites de proches.

L’ escalier central est ouvert et se développe sur les trois niveaux, pour permettre à tous les étages d’agrémenter l’atmosphère générale de l’ems. Point de repère à la croisée des chemins, il bénéficie d’un apport de lumière zénithale qui éclaire le centre de la structure jusqu’au rez-de-chaussée. Les ems entrent dans la catégorie AEAI la plus sévère en matière de prévention des incendies, celles des bâtiments hébergeant des personnes [a]. Pour permettre cette « ouverture » de l’escalier et le transfert horizontal des résidents, le plan peut facilement être compartimenté en trois secteurs au moyen de 2 portes coupe-feu par étage et d’une seule au rez-de-chaussée.

Un soin tout particulier est voué à l’usage des matériaux et des couleurs pour les espaces privatifs et collectifs. L’introduction de la couleur dans un bâtiment destiné à des personnes atteintes de différentes pathologies telles la désorientation spatiale et mentale, les troubles de la vue, la mobilité réduite, doit être réfléchie tant au niveau visuel que de soutien au bien vivre.
Les éléments de menuiserie sont imaginés en bois dur, comme le chêne pour les mains courantes, les portes et les parquets, de manière à créer un bon contraste avec les murs peints en blanc cassé pour ne pas éblouir les résidents. Au rez-de-chaussée, plus proche du sol, le revêtement de sol est imaginé en pierre naturelle pour répondre à une plus grande sollicitation.

La matérialisation des façades cherche une analogie avec celles des fermes des environs immédiats qui s’expriment par le biais d’un socle minéral et d’un corps supérieur recouvert de tuiles à emboîtement. Le modèle de tuile imaginé pour les deux niveaux supérieurs est d’aspect lisse avec ses nervures placées à l’arrière de celles-ci. Le socle en béton apparent est constitué d’agrégats locaux pour la teinte, puis sablé.