Parking de 300 places à Morat

2013
ingénieur civil / Rhême et Jeanneret SA, Givisiez

Le projet ambitionne de clarifier la séquence d'approche de l'entrée Est de Morat. Le futur parking se doit d'être novateur, tout en respectant le contexte historique proche. Les auteurs estiment qu'il n'est pas défendable de proposer un parking hors sol, un tel aménagement empêchant tout développement futur en surface, allant à l'encontre de la stratégie de gestion territoriale à proximité des centres urbains. A long terme, cet espace doit rester « constructible » pour la ville de Morat.

la liaison entre la plateforme de l'ancien marché aux bestiaux et l'espace de référence devant la porte de Berne est prise en tenaille par le mur de l'ancien cimetière et le bâtiment de la parcelle 5420. Ce goulet marginalise la liaison piétonne en raison de la forte présence routière. Le projet, en gommant le tracé routier, rend le piéton prioritaire dans la « zone de rencontre ». Celle-ci est traitée par un revêtement unificateur reliant les différents points d'accès au site. De couleur et de texture uniforme, cette surface oblige les véhicules à ralentir pour plus de sécurité.

Avec ses magnifiques rives du lac, les espaces de rencontre ne manquent pas à Morat. Dans ce cas précis, le site est plus un espace qu'on traverse plutôt qu'un espace où l'on s'arrête. Le projet propose un aménagement paysager au-dessus du parking, qu'on peut contempler à la vitesse du piéton ou du conducteur. Cet espace pourra être planté au gré des envies du service des parcs et jardins ou des souhaits de la population.
Au sol on ne voit ainsi émerger qu'une figure abstraite - le cadre et son tableau - entouré par quatre volumes contenant l'entrée et la sortie véhicules, ainsi que deux accès piétons.

Le projet du parking s'inspire de deux éléments contextuels forts, les arcades de la vieille ville et le mur de l'ancien cimetière.

La Grand'Rue possède une organisation tripartite avec deux rangées d'arcades pour les piétons et l'espace de rue dédié aux véhicules. Dans le parking, les arcades forment deux travées avec deux rangées de parcage et une allée centrale de circulation (tripartition). Les arcades sont l'élément structurel du parking. De par leur forme, elles diminuent la portée des dalles et contribuent grandement à faciliter le parcage, toutes les zones de manœuvres étant dépourvues de piliers.
L'ancien cimetière est un espace multifonctionnel. Ses limites sont définies par le mur d'enceinte d'où ne ressort qu'un volume hormis les arbres, celui du mur lui-même. Le parking réinterprète cet élément en l'utilisant comme pièce antagoniste ; D'un « plein » pour le cimetière, il devient un « vide » pour le parking. Cet artifice permet non seulement d'amener de la lumière naturelle dans les niveaux en sous-sol, mais également d'éviter d'avoir recours à des systèmes de ventilation et de désenfumage mécaniques.

Les parois de la fouille sont réalisées par gunitage. Avec un angle de 10% par rapport à la verticale, cette solution est très économique car elle forme directement les façades « intérieures » du parking. Le béton projeté est mélangé à du sable de molasse qui lui confère une tente gris-vert contrastant avec les arcades et les dalles en béton blanc. Avec le temps et grâce à l'inclinaison des parois, celles-ci seront colonisées par des mousses qui formeront un écrin de moins en moins minéral.

L'éclairage artificiel met en scène les arcades au moyen de luminaires placés aux pieds de celles-ci.

Tous les éléments qui permettent de franchir le « vide » sont des grilles caillebotis, véritables ponts qui permettent de sortir de terre. Le contreventement de la structure est assuré par des longrines dans les prolongements des axes porteurs pour transmettre les efforts horizontaux au sommet du terrain. De plus les arcades s'évasent de bas en haut pour être considérées comme « encastrées » dans les dalles.

Le concept de circulation est simple ; à chaque extrémité du parking on trouve une rampe en forme de « U ». Celle au Nord du parking permet de descendre dans les étages, tandis que celle au Sud permet de remonter à la surface. Chaque étage comporte 59 places.
L'ensemble de la structure a été inclinée pour s'adapter à la topographie existante. Il en résulte une inclinaison oblique de 5,2%. Cette pente est admissible pour les personnes handicapées (places à proximité des ascenseurs) et au bétonnage sur coffrage oblique sans subir de fluage.



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