Complexe sportif avec salle de gymnastique double à Broc

2017
ingénieur civil / 2M ingénierie civile sa, Yverdon-les-Bains
architecte-paysagiste / Charmoy sa, La Croix-sur-Lutry

Le site de la plaine des Marches est remarquable à plus d’un titre. Ce vaste espace, dont l’horizon est cerné de tous côtés par les montagnes, est structuré dans ses abords immédiats par les jalons paysagers suivants :

- La Sarine et ses rives arborisées.
- La route des Marches menant à la chapelle du même nom, avec son allée de tilleuls.
- Le château d’en bas, qui marque la limite des contreforts Sud du bourg de Broc.

Le projet de complexe sportif s’organise dans la même géométrie que la piscine municipale, afin d’organiser harmonieusement ses espaces extérieurs. Ceux-ci souffrent actuellement de la position oblique du parking flanqué d’une double rangée de bouleaux, véritable « barrière végétale » qui prive le secteur n°5 de dialogue avec le restant de la plaine.
Comme le site se voit de loin, un soin tout particulier sera voué au traitement de la toiture, avec le nouveau bâtiment placé au coeur du système, à l’axe des deux terrains de football. Le projet est volumétriquement compact, regroupant les différentes parties du programme pouvant fonctionner de manière autonome, en conférant au lieu une nouvelle identité forte.

Le projet se veut monolithique. Il trouve son ancrage contextuel en réinterprétant une forme de toiture puisée dans l’architecture vernaculaire. Ici toiture et façades ne font qu’un, les extrémités Nord et Sud se matérialisant sous la forme de larges porte-à-faux venant enrichir l’usage du lieu. Tantôt signal au Nord pour marquer l’entrée des vestiaires du complexe sportif, il trouve son pendant du côté Sud en abritant la terrasse de la buvette en relation avec les gradins des terrains de football. Le matériau imaginé pour les façades et la toiture est le même, l’aluminium, pour son excellente longévité et son aspect développement durable puisqu’il est recyclé.

Le programme des locaux s’organise selon un principe de strates. Trois « blocs fermés » (vestiaires + locaux pour agrès) et deux « blocs ouverts » (buvette + vestibule) gravitent autour de l’élément le plus haut du programme, la salle de sport. La toiture des vestiaires s’étire en direction du Nord de manière à dialoguer de façon harmonieuse avec les volumes de la piscine municipale. Ceux-ci fonctionnent par paires, de manière à être les plus compacts possibles et permettant de respecter les parcours pieds sales / pieds propres, en s’articulant autour d’une couche « technique » se composant des locaux sanitaires, des douches ainsi que leur zone de séchage.

La buvette est vitrée sur toute sa longueur (à l’abri du rayonnement solaire direct), ce qui lui permet d’avoir une relation privilégiée avec la salle de sport double et la terrasse ainsi qu’avec les gradins en relation avec les terrains de football. Des escaliers à double volée mènent à la galerie par les deux côtés (dont un est équipé d’une plateforme élévatrice pour les personnes à mobilité réduite). Un bar complète l’ensemble, avec des accès discrets aux locaux sanitaires, à la cuisinette ainsi qu’aux locaux de rangement et de nettoyage.

La salle de gymnastique double bénéficie essentiellement d’un éclairage zénithal, dans la mesure où la relation extérieure privilégiée est celle que la buvette entretient avec la partie Sud du site. Ce dispositif permet d’obtenir le niveau d’éclairement le plus uniforme avec peu d’éléments, et supprime les effets de contrejour. La répartition en quatre travées de huit lanterneaux permet d’agencer judicieusement l’éclairage artificiel, les panneaux de basket suspendus, ainsi que les anneaux, les cordes et les recks. L’entier des faces verticales ainsi que le faux-plafond sont imaginés en panneaux multiplis, lisses jusqu’à une hauteur de 3.0 mètres puis perforés et répartis de manière stratégique pour obtenir la meilleure acoustique possible. Des niches permettent d’intégrer les espaliers et autres éléments techniques, ainsi que les portes basculantes menant aux locaux pour agrès.

Le vestibule d’entrée, dont la surface est volontairement plus importante que les 40 m2 demandés, est l’articulation entre la salle de sport et les vestiaires. Véritable rue intérieure, c’est grâce à cet espace que le projet acquiert une flexibilité maximale et rend une multitude d’usages différents possibles.

Le bâtiment doit être implanté à une altitude minimale de 686.50 m en raison du risque d’inondation de la plaine en cas de débordement de la Sarine et de la Trême. Dans le but de réduire le volume de remblais à apporter, les auteurs proposent de creuser le terrain afin de créer une noue paysagère. Celle-ci se trouve sur l’emplacement d’un ancien bras de la Sarine avant son endiguement (extrait de la carte Siegfried, 1888), et assume plusieurs fonctions :

- Structurelle, en matérialisant une démarcation claire entre zones piétonne et véhicules
- Technique, les eaux pluviales de l’ensemble du plateau sportif, de la toiture et du parking transitent par la noue et leur infiltration naturelle est gérée au travers d’une végétation indigène de milieu humide à fonction épurative (roseaux...)
- Ecologique, plantée d’espèces indigènes, dont certaines protégées (Petite massette), la noue offre un abri pour la faune et la flore locales. La mise à jour du ruisseau actuellement canalisé serait un plus indéniable d’un point de vue écologique en lui permettant de s’oxygéner et se revitaliser.
Dans la zone sportive, un revêtement unificateur « tend ses deux bras » qui viennent à la rencontre du public jusqu’à la route des Marches et permet de guider les personnes vers la buvette, les vestiaires ou directement vers la salle de sport. Il s’agit d’un parvis qui assure l’articulation entre le nouveau bâtiment, les aires de jeux et le boulodrome, tout en requalifiant l’entrée de la piscine municipale.